[00:00.61]On n' s'était pas revus depuis bientôt des lustres. [00:05.87]En s' tombant dans les bras, on s'est traité de rustres. [00:11.09]Y' avait Marc et Philus, Anita et mézigue. [00:16.10]Nous étions devenus quatre sources d'intrigues. [00:21.46]Dix ans auparavant, on parlait à tout va [00:26.55]D'ouvrir un resto français sur l'île de Java, [00:31.74]Mais de petits écarts en virages du vécu, [00:36.89]On a suivi nos vies, on s'est perdu de vue. [00:43.40] [00:46.46]Marc est un homme d'affaires de multinationale, [00:49.89]Un pied dans les finances, l'autres aux municipales. [00:53.39]Il porte la cravate comme on porte un flambeau [00:56.92]Et son attaché-case est un vrai char d'assaut. [01:00.56]Il a, côté privé, une femme et deux gosse [01:04.49]Et aussi une maîtresse qui croit à son divorce. [01:08.48]Derrière les apparences, il nous joue l'insoumis. [01:12.61]Sur un air de jouvence, le voila qui nous dit: [01:16.77] [01:19.32]" Je suis resté le même, malgré les apparats. [01:25.99]Je suis toujours le même quand je pense à Java. " [01:32.81]Il est resté le même. On n' dirait pas comme ça. [01:39.32]Il est toujours le même quand il pense à Java. [01:45.24] [01:47.92]Philus a le nez rouge et le cheveu filasse. [01:51.33]C'est la faute à pas d' chance avec une pétasse. [01:54.81]Il était bien parti, pourtant, dans la charpente. [01:58.22]Il montait sur les toits avant la mauvaise pente. [02:01.63]Les fruits de son labeur, par les fruits du caleçon, [02:05.58]Furent dilapidés entre deux bas Nylon [02:09.59]Qui se carapatèrent, un jour, au saut du lit. [02:13.55]Sur un air de whisky, le voilà qui nous dit: [02:17.66] [02:20.55]" Je suis resté le même, malgré tous mes déboires. [02:27.14]Je suis toujours le même quand je pense à Javoire. " [02:33.94]Il est resté le même. On n' dirait pas comme ça [02:40.63]Il est roujours le même quand il pense à Java. [02:46.84] [02:51.37]Anita était belle et elle est toujours belle. [02:54.96]Elle a fait un bébé toute seule et roule en Coccinelle. [02:58.48]Elle aim' bien la peinture et enseigne l'anglais. [03:02.30]Elle n'a pas la télé et aim' lire Jaccottet. [03:05.95]Elle a des aventures de plus en plus éparses. [03:09.80]Les hommes, c'est bien connu, ça préfère les garces. [03:13.85]Elle aime sa solitude et jamais ne s'ennuie. [03:17.79]Sur un air de silence la voilà qui nous dit: [03:21.97] [03:24.45]" Je suis restée la même, même si je vis toute seule. [03:31.09]Je suis toujours la même quand je pense à Javeule. " [03:37.82]Elle est restée la même. On n' dirait pas comme ça. [03:44.57]Elle est toujours la même quand elle pense à Java. [03:50.74] [03:53.10]Quant à moi, je peux voir briller dans leurs regards [03:58.71]Reconnaissance et jalousie à mon égard. [04:04.30]Ma position met fin au pari de Java [04:09.51]Car je suis le premier à fouler l'nirvana. [04:14.67]Sans pour autant envier mon banal triste sort, [04:19.57]Ils voient bien que la mort rend plus beau et plus fort, [04:24.52]Alors, du fond d' ma bière qui n'est pas un demi, [04:29.28]Sur un air d'enterrement, me voilà qui leur dit: [04:33.75] [04:36.95]" Je suis resté le même, malgré la grande faucheuse. [04:43.96]Je suis resté le même quand je pense à Javeuse. " [04:51.04]Il est resté le même. On n' dirait pas comme ça. [04:57.99]Il est resté le même quand il pense à Java. [05:04.29] [05:05.33]On est restés les mêmes. On n'dirait pas comme ça. [05:12.55]On est toujours les mêmes quand on pense à Java. [05:19.94]